Cher Patrick,
Je reviens sur un article que tu as publié en mars dernier où tu te qualifies de « poche » en dessin. Et pour appuyer tes dires, tu nous présentes cette œuvre que tu avais réalisée dans ta tendre jeunesse, prétendant que si tu devais aujourd’hui dessiner une maison ou un arbre ou un poisson tropical ou toute autre chose, le résultat serait identique en qualité. Peut-être est-ce vrai, je n’en sais rien…
Pourtant, moi, je l’aime bien ton dessin.
Là où tu vois un pommier, je vois un grand cactus qui fleurit sous les rayons d’un soleil implacable, et ce même soleil, tout comme un trou noir, cherche à absorber ce petit personnage rondouillard, au sourire insouciant et au nombril volontaire (à moins que ce ne soit un bouton de culotte? Peu importe, ça m’a fait rigoler). Même le papier sur lequel tu as laissé aller ton imagination contribue par les plis horizontaux qu’on y décèle à faire sentir toute la chaleur du désert en évoquant cette illusion d’optique qu’on ressent l’été, par une journée de grande chaleur, quand on fixe l’horizon et qu’il semble se liquéfier sous nos yeux en ondes ascendantes.
Une œuvre existe dans la pensée et le geste de l’artiste, bien sûr, mais il existe aussi, je crois, de mille et une façons dans le regard de ceux qui prennent le temps de s’y arrêter et d’y trouver un sens.
Cependant, loin de moi l’idée de t’encourager à faire la tournée des galeristes pour leur proposer d’exposer tes œuvres. J’espère que je n’ai pas réduit en cendres un rêve longtemps enfoui au fond de ton cœur.
Comme je sais que le sujet t’intéresse beaucoup, je me permets de te suggérer la lecture de deux livres que tu trouveras facilement à la bibliothèque : « Le dessin en perspective, 40 techniques pour apprendre et progresser » publié chez Dessain et Tolra et « Apprendre à dessiner et peindre » de Jean-Pierre Lamérand, Patricia et Philippe Legendre ». Peut-être qu’après ces lectures tu vivras une épiphanie et que tu reprendras tes crayons de couleur ou tes pastels ou même tes pinceaux pour offrir au monde ton œuvre singulière… peut-être…
Amicalement, l’usager masqué.
