Par Rachel Tremblay
Dernièrement, Philippe Corriveau s’est vu attribuer une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la recherche et le développement afin de créer ultérieurement un parcours numérique sur le Canal de Soulanges. Habilement intitulé Chenal, cette future œuvre de celui qui a, entre autres, illuminé le Moulin de la Pointe du même nom, se veut quatre expériences multimédias immersives. « En transformant le canal avec la lumière et le son, j’aimerais donner à voir ce qu’était le Canal de jadis. Des flashs historiques! Reconstituer son fructueux passé ennobli grâce à l’électricité, aux systèmes hydrauliques et à toutes les technologies avant-gardistes de l’époque. L’esthétisme des écluses de l’eau m’interpelle aussi. Une reconstitution permettrait de percevoir le Canal sous un jour nouveau, lui offrant ainsi une forme de renaissance. Il s’agit de jongler avec les éléments du passé pour les appliquer à aujourd’hui », précise-t-il, emballé à la simple idée des techniques à sa disposition pour y arriver.
Philippe proposera quatre œuvres uniques, son but étant la fusion entre l’art visuel et l’art numérique. Il souhaite que ce soit encore plus que de la lumière et des formes : il a aussi envie que les gens se reconnaissent et soient ébahis par les étonnantes permissions visuelles du mapping vidéo (qui consiste, essentiellement, à projeter des images sur des bâtiments pour créer des illusions d’optique stupéfiantes). Passionné par le sujet, il se perfectionne actuellement à la SAT (Société des arts technologiques) en expérimentant divers logiciels lui permettant d’amalgamer les différentes pratiques de vidéos-projections à ses expertises et à ses élans créatifs.
Par ailleurs, l’artiste souligne que l’idée de Chenal découle aussi, en partie, de la réalisation de son premier projet de projection et de mapping architectural pour la Ville de Vaudreuil-Dorion en 2020. « Avec OPTI, la Ville m’a épaulé dans la création de ma première œuvre numérique : ça m’a offert une introduction au médium, m’orientant vers cette nouvelle direction. Le fait que la Ville ait la volonté d’innover, le dynamisme des équipes, l’accompagnement : ça encourage des artistes comme moi à aller toujours plus loin. Mes divers mandats pour la Ville m’ont aussi amené à décloisonner ma pratique artistique, en partageant mon processus de création avec les citoyens, sans compter le contact avec d’autres ami(e)s artistes et d’autres démarches. Plusieurs occasions de s’inspirer, de mettre en valeur le savoir et de le renouveler! »
Fort de ses multiples expériences en médiation culturelle, Philippe croit que l’implication des citoyens dans le cadre de Chenal bonifiera celui-ci. « J’ai l’exemple en tête d’un artefact précis : une bouteille de gin d’une autre époque retrouvée intacte à la hauteur de Pointe-des-Cascades. De quel bateau provenait-elle? À qui était-elle destinée? Tout est à revisiter et à décoder, toutes les anecdotes sont bienvenues et je suis convaincu qu’il y en a plusieurs! La participation de gens qui connaissent l’histoire du Canal et qui sont en mesure de la raconter est fondamentale pour l’élaboration et la mise en lumière de cette recherche. » À cet effet, des activités citoyennes auront lieu dans quatre municipalités : Pointe-des-Cascades, Les Cèdres, Coteau-du-Lac et Les Coteaux.
Chenal s’inscrira sans aucun doute dans la valorisation du patrimoine en égayant le passé et le présent grâce à des technologies résolument futuristes pour l’ensemble de la population qui veut redonner vie au Canal de Soulanges.