Par Rachel Tremblay
L’artiste Tina Marais a choisi de s’établir à Vaudreuil-Dorion en août 2011. La jeune femme originaire de Cape Town en Afrique du Sud a vite fait de conquérir la communauté artistique vaudreuilloise-dorionnaise grâce à son indéniable talent, son goût évident pour la finition de qualité et sa légendaire vaillance. Tina travaille jour et nuit, elle n’accorde aucune seconde à la passivité. Des organismes communautaires de notre milieu peuvent aussi témoigner de l’implication de Tina, de son sens du partage et de sa solidarité. Toujours en mouvement! Comme les tissus qu’elle sait magnifiquement honorer et ennoblir.
Pour preuve, dernièrement, elle a complété une maîtrise en pratique des fibres et des matériaux à l’Université Concordia. Tout ça en continuant ses (nombreux!) déplacements professionnels, en menant à terme ses contrats artistiques et en attribuant du temps à ses inspirations. Il y a des humains parmi nous qui ont des capacités supérieures, qui sont dotés d’une monumentale créativité, d’une indéfectible volonté et d’une résilience à toute épreuve : Tina est de ceux-là. Tina est force et douceur, femme et surhumaine : l’ensemble de ses créations révèlent aussi un souci de la récupération, de l’environnement, de la ré-invention d’un matériau.
Partout dans notre région, les citoyens et visiteurs peuvent admirer l’ampleur du talent de Tina au travers de maintes installations sur le territoire. L’originalité et l’envergure de ses œuvres font en sorte qu’elle se démarque, ici et ailleurs.
Au cours des dernières années, Tina a participé à plus de dix expositions individuelles (et plus de cinquante collectives!) aux quatre coins de la planète. En 2023 seulement, après des présences à la Galerie Collection de Paris, en plus d’une exposition événement à la Galerie Françoise Bresson à Lyon, actuellement, elle expose à Shanghai, au Yunnan Provincial Museum. Cet automne, ses œuvres sont attendues en Lituanie, à San José en Californie, à Manizales en Colombie, à Sydney en Australie (pour une expo en solo!), sans oublier la Belgique, en groupe, fin 2023. De ce côté-ci de l’océan, vous pouvez admirer son travail également au Vieux-Presbytère de Saint-Bruno, entre autres.
Au-delà de ses implications dans pratiquement toutes les biennales, elle est récipiendaire de plusieurs prix, mentions et subventions depuis 2012, dont une mention honorable de la World textile art biennale à Montevideo en 2017, ce qui l’a amenée à être l’artiste invitée de l’édition 2022 à Miami.
Sous des couverts d’humilité et de réserve, Tina a une feuille de route étoffée et considérable. Ses œuvres sont réfléchies et élaborées dans un constant souci de cohésion, de légitimité et d’harmonie. De toutes ses expériences, elle retient surtout : « Le plus qu’on fait partout, le plus qu’on réalise qu’on est petit dans un grand monde… », exprime-t-elle dans une tonalité qui lui est propre, heureux mélange de sa langue maternelle et du français appris ici.
Ce week-end, Tina assure la direction artistique de la scénographie pour l’événement ERRANCES, qui se tiendra les 8 et 9 septembre, aux quatre parcs suivants : Esther-Blondin, Le 405, Paul-Gérin-Lajoie et de la Maison-Valois. Ainsi, elle a travaillé sur huit structures, deux par parcs donc, qui accueilleront les visiteurs : celles-ci serviront, entre autres, à l’identification visuelle des lieux. Pour ce faire, Tina a tenu à respecter la ligne éditoriale d’ERRANCES, qui se veut singulière et avant-gardiste. Elle a imposé un rythme visuel avec des couleurs et des formes festives à ses textiles contorsionnistes : « Je tenais à ce qu’il y ait une connexion entre le logo existant et le visuel de la scène. J’ai choisi d’habiller mes structures de bois de lycra-spandex, d’abord parce qu’il est extensible et qu’il résiste à la pluie et aux UV, en plus de rappeler les tissus des maillots de danseurs. J’aime l’idée que tout soit en lien avec les corps qui bougent implicitement lorsqu’une musique démarre, la cohérence entre les tissus qui dansent et les vibrations sonores. J’ai aussi travaillé sur l’entrelacement des tissus pour rappeler la façon dont les corps s’imbriquent, le mouvement intuitif quand une mélodie nous imprègne, la matière a son mouvement propre, c’est comme un stretching de tissus avant la performance! »
Dans le cadre de cet événement, Tina a aussi impliqué les élèves du camp de jour de la Ville : trois groupes de 25 jeunes ont participé à des ateliers de tissage. Leur création commune, sous la supervision de l’artiste, a récemment été accrochée à la clôture du 405.
ERRANCES, c’est quatre lieux investis par différentes prestations artistiques à distance de marche! Une expérience déambulatoire hors du commun qui éblouira vos yeux et vos oreilles de jour comme de soir, le temps d’un week-end.
Mais ERRANCES, c’est aussi l’occasion unique de découvrir une autre œuvre majestueuse de Tina Marais avant que le reste du monde ne nous l’accapare pour plus longtemps que la durée d’un festival ou d’une exposition!
Pour la programmation, c’est par ici!