ŒUVRE DANS LE NOUVEAU PÔLE MUNICIPAL : LEVEZ LES YEUX VERS LES DÉDALES
janv
20
2025
ŒUVRE DANS LE NOUVEAU PÔLE MUNICIPAL : LEVEZ LES YEUX VERS LES DÉDALES
mozaik
Séparation

par Patrick Richard

En plein cœur de l’automne, pendant que les derniers bruits de marteau et de perceuse se font entendre par ceux et celles qui circulent à l’intérieur du tout nouveau pôle municipal, trois personnes s’affairent à mettre en place l’œuvre d’Élisabeth Picard nommée Dédales. Pour ceux dont les mots deviennent des maux, une baladiffusion est disponible dans laquelle nous rencontrons l’artiste afin de connaître sa démarche. Pour les autres, ce texte vous invite au cœur de l’entrevue réalisée dans la pièce insonorisée de la nouvelle bibliothèque, vide de mobilier et d’équipement, pleine d’humanité.

Il faut remonter à l’année 2021 pour retrouver les premières traces de l’œuvre d’Élisabeth Picard, artiste en arts visuels. À ce moment, elle vient de déposer sa maquette au concours d’arts publics lancé par le gouvernement. Cette politique vise à intégrer une œuvre d’art à tout bâtiment public en construction ou en rénovation. Il s’agit de l’application de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics. Avec deux autres artistes, elle est invitée à soumettre son projet qui deviendra le projet gagnant. Nous sommes à l’automne 2021, le projet du pôle se met en mode veille en raison de la pandémie et d’un appel d’offres plus long que prévu.

S’inspirer de la nature et de l’accordéon

Le temps passe, la terre remuée s’accumule aux abords du nouveau pôle et l’armature d’acier et de métal prend forme sur le chantier. Dans l’atelier de l’artiste, on se met au travail et on commence à fabriquer la structure de l’œuvre en décembre 2023. Parmi les contraintes soumises à l’artiste, l’œuvre doit être suspendue au plafond et faire partie de la bibliothèque et de l’espace d’accueil. Une vaste superficie à couvrir : « Ce que j’ai aimé de l’architecture, raconte Élisabeth Picard au sujet du pôle municipal, c’est tout en singularité rectangulaire. Il y a une zone accordéon dans la bibliothèque, je me suis inspirée de ça. » En jouant avec la géométrie et les couleurs, en reprenant les teintes de bleu et vert du logo de la Ville et de bourgogne, l’artiste travaille d’abord avec des fils pour créer sa structure à laquelle elle ajoute des fleuraisons et des éléments de bois un peu plus figuratifs. Elle utilise des matériaux industriels pour évoquer les formes complexes de la nature où elle trouve son inspiration. Elle aime la translucidité et les matières plastiques et a utilisé les polycarbonates imprimés en raison de défis liés à la hauteur de l’œuvre et à son nettoyage. Avec son complice, Ghislain Brodeur, elle adopte une création en pièces démontables afin de rendre l’installation finale efficace. « Tous mes projets sont différents, affirme l’artiste. C’est très rare que je me répète. C’est une question d’intérêt. Je butine à gauche et à droite, je vais explorer. L’art public, c’est un privilège d’en faire, car ça nous fait vivre et ça nous permet de développer notre technique et d’investir dans des connaissances qui vont faire avancer nos œuvres personnelles plus loin. »

Résonner avec notre contemporanéité

Le projet Fenêtres sur le pôle dans lequel s’insère cette rencontre vise à laisser parler les gens qui ont contribué à l’édification du pôle municipal. L’un des buts des rencontres est de conserver la mémoire de cette période pour les générations futures. Le pôle a été construit pour durer longtemps, la question de la pérennité d’une œuvre, comme celle imaginée par Élisabeth Picard, se pose. Dans 40 ou 50 ans, comment les gens liront-ils l’œuvre Dédales, positionnée là depuis des décennies ? « On souhaite que notre œuvre continue de résonner avec notre contemporanéité, peu importe si c’est maintenant ou plus tard, anticipe l’artiste. Peu importe ce que les gens voient, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses ou significations. Tout ça part d’intuition. Tout le monde peut être artiste, c’est de mettre du temps là-dedans, s’entraîner, comme jouer du piano ou faire de la course. Est-ce que mes intuitions seront assez fortes pour durer plus de 30-40 ans ? Je ne sais pas ! En termes d’intérêt pour le regardeur, j’espère. »

Avant de se demander ce qui se passera dans 40 ans, le visiteur profitera très bientôt de cette œuvre positionnée pour offrir de multiples points de vue selon l’angle qu’on la regarde et le moment de la journée. Il n’y a pas à dire, nous n’aurons pas assez d’yeux pour apprécier tout ce qu’il y a quand nous entrerons pour la première fois dans la nouvelle bibliothèque.

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