MOSA 2023 | ESPACE HAÏKU : UN ÉVÉNEMENT OUVERT À LA PARTICIPATION CITOYENNE
févr
24
2023
MOSA 2023 | ESPACE HAÏKU : UN ÉVÉNEMENT OUVERT À LA PARTICIPATION CITOYENNE
mozaik
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Par Nane Couzier

La Ville de Vaudreuil-Dorion met le haïku à l’honneur dans le cadre de sa programmation 2023 du festival MOSA, la fête des mots. Une installation collective, située au parc-nature Harwood, réunira photos et haïkus inspirés par le thème du jardin. La participation à ce nouveau projet collectif de création littéraire est ouverte aux citoyens de Vaudreuil-Soulanges; des ateliers préparatoires d’initiation au haïku se tiendront en mars pour guider les participants dans leur écriture.

Mais qu’est-ce que le haïku ?

Le haïku est une poésie brève n’excédant en principe pas 17 syllabes généralement réparties sur trois lignes selon un découpage, une durée, un rythme, une dynamique et une esthétique propres. Le temps d’énonciation d’un haïku dure « le temps d’une respiration. »

Issu du Japon (17e siècle), et très codifié à l’origine, le haïku a gardé, dans sa version occidentale, plusieurs caractéristiques spécifiques à sa culture d’origine, notamment des éléments formels et « un fond » lié à l’art de vivre selon la philosophie zen : l’esprit haïku.

La pratique du haïku est calquée sur l’art de vivre au présent, dans l’instant, avec simplicité et détachement, dans une présence attentive au moindre événement du quotidien. L’art du haïku, c’est l’art de cerner l’essentiel d’une scène ou d’un événement ; son écriture pourrait se comparer à l’art de l’esquisse, du croquis, de l’instantané, du geste spontané, du tracé sans retouches. Le haïku campe une expérience, suggère, évoque, indique, pose des indices, dans une économie de mots précis, sans artifices ni fioritures, avec sobriété et discrétion. Sa formulation doit donner l’impression d’un énoncé soudain, harmonieux et juste.

Si le haïku classique japonais s’inspirait surtout de la nature, le haïku contemporain puise son inspiration dans l’ensemble des événements de la vie. Classique ou contemporain, le haïku se teinte souvent d’humour. En référence ci-dessous, quelques haïkus classiques et contemporains.

Haïkus classiques traduits du japonais

Lune du soir
Il s’est mis torse nu
L’escargot
Issa (1763-1828) trad. inconnu

Sur la cloche
immobile sans son sommeil
un papillon
Buson (1716-1783) trad. inconnu

le voleur
a tout pris sauf
la lune à la fenêtre
Ryōkan (1758-1831) trad. inconnu

Haïkus francophones contemporains

ni ciel
ni terre
que du blanc fou
– Francine Chicoine

retrouvailles
le bruit de nos cuillères
entre les silences
– Hélène Duc (1982-2020)

Le ciel dans l’eau
Les poissons se faufilent
sous les nuages
– Jocelyne Villeneuve (1941-1998)


Pourquoi
pratiquer le haïku ?

Pour bon nombre de haijins ou haïkistes (personnes écrivant des haïkus), la pratique régulière du haïku a des effets d’apaisement, de relâchement, de retour au calme et à la quiétude. Le fait de prendre le temps, de ralentir, de porter attention aux petites choses de la vie, de se centrer sur l’essentiel d’une perception, agit comme un exercice de pleine conscience. En complément, lire et méditer des (bons) haïkus « désencombre » peu à peu l’esprit, recentre et conduit au silence intérieur. Certains haijins associent même leur pratique à une démarche existentielle ou spirituelle.

Sur le plan de l’écriture, la pratique du haïku permet de raffiner son « art d’écrire ». L’espace restreint du haïku agit comme un laboratoire : devant le peu de mots du haïku, on apprend à être attentif à la moindre inflexion du texte ; le haïku oblige, entre autres, à trouver le mot juste, à distinguer la description de l’évocation, la sentence de la tournure poétique, le phrasé du simple enchaînement, la généralité du fait précis, la conclusion ou l’explication d’une formulation « qui ne dit pas tout » ; il oblige à écouter les sonorités et les temps de l’énonciation (souffle, respiration, syllabes longues ou courtes)… Si, au début, l’attention soutenue à tous les aspects de l’énoncé parait exigeante, une fois l’empreinte du haïku bien installée en soi, le respect des règles de base devient automatique.

Au Japon, on écrit des haïkus comme on respire. Les quotidiens en publient de pleines pages. C’est un art populaire qui colle à la langue et à la culture du pays – il est enseigné dès l’école primaire. En Occident, apprendre à écrire des haïkus nécessite de contourner la logique de la phrase, mais aussi une certaine idée de la poésie. Sa pratique est moins « naturelle » qu’au Japon : il faut apprendre à « désencombrer » son écriture. Mais une fois qu’on a saisi ce qui constitue « l’esprit haïku », il est aisé d’en produire en toute occasion.

Qu’apprend-t-on en atelier ?

L’atelier 1 (dimanche 5 mars, 13 h) sera consacré à l’initiation au haïku ; on y abordera sa nature et ses origines, puis les grandes lignes de la pratique francophone contemporaine. La lecture de plusieurs dizaines d’exemples suivie d’une expérimentation à partir d’exercices permettra d’apprivoiser les règles de base de l’écriture du haïku. Les haïkus produits dans le cadre de ce projet feront référence au jardin et seront inspirés ou non par une série de photos présentées en atelier et dans cet article.

L’atelier 2 (dimanche 19 mars, 13 h 30) sera constitué d’un exercice collectif de relecture des haïkus écrits par les participants après le premier atelier – son but ? Apprendre à identifier des pistes possibles de réécriture, si nécessaire.

Inscription aux deux atliers avant le 2 mars, 16 h 30 : ndurocher@ville.vaudreuil-dorion.qc.ca ou 450 455-3371, poste 2320

NOTE – Les personnes qui ne peuvent participer aux deux ateliers ont la possibilité de s’inscrire à l’atelier 2 uniquement (réécriture), entre le 5 et le 15 mars, s’il reste de la place. Faire alors parvenir, avec votre inscription, au moins trois haïkus inédits sur le thème du jardin, inspirés ou non par les photos qui accompagnent cet article : ils seront considérés en même temps que les autres haïkus lors de la relecture collective en vue d’une sélection pour l’installation.

Photos : Natacha Marleau

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