Par Rachel Tremblay
En ce printemps qui tarde à nous offrir un aperçu de l’été, Annouchka Gravel-Galouchko s’est installée, le 16 avril dernier, et ce, jusqu’au 27 mai, à la Maison Valois. Sous le thème : La beauté sauvera le monde, l’artiste multidisciplinaire nous ouvre les portes de son savoir-faire.
Avant de rencontrer Annouchka pour la première fois, une amie m’avait confié à son propos : « Tu vas voir, elle est tout apaisante avec sa petite voix douce! » En plus de sa mélodieuse intonation, son élocution soyeuse expose tout le respect qu’elle porte à la langue et aux mots. Vous vivrez un agréable moment en discutant avec elle. Une petite bulle de paix. Promis.
D’Annouchka Gravel-Galouchko, d’abord, ressort son extraordinaire capacité d’émerveillement. Ses yeux vert-gris s’irisent de curiosités, de mémoires vives et d’incandescences : Annouchka est tout autant colorée que les multiples éléments qui ornent son travail. Tout autant lumineuse, aussi, souriante et accueillante. On perçoit le cœur d’adolescente qui vibre sous sa longue chevelure argentée qui a vécu plein de pays et de bouleversements. On devine l’attachement aux legs ancestraux, aux forces qui en émanent, à leurs richesses qui lui ont servi, au fil des ans et de sa pratique, de repères et de remue-méninges.
Elle roule sa bosse artistique depuis des lustres comme en témoignent les toiles qu’elle a choisi de présenter au public dans le cadre de sa résidence à la Maison Valois. Vous constaterez que son art relève d’un véritable travail de moine. Tout plein de précision et de menus détails. Chaque petite feuille qui illustre chacun de ses arbres est approfondie jusqu’à sa plus fine nervure. Vous interpréterez et réinterpréterez chaque centimètre de ses toiles avec un regard sollicité différemment selon l’endroit où vous choisirez de le poser. C’est bien là toute la beauté des jardins qu’elle offre à vos yeux. Sachez, d’ailleurs, qu’elle consacre sa résidence artistique à l’interrelation entre l’univers intérieur de la Maison Valois et l’univers extérieur, c’est-à-dire que, vous, visiteurs, bonifierez son projet par vos interactions : n’hésitez pas.
En plus de découvrir plusieurs œuvres d’une artiste talentueuse et investie, vous aurez aussi la possibilité de consulter (et de vous procurer!) l’impressionnante panoplie de livres qu’elle a illustrés, écrits ou auxquels elle a collaboré. Annouchka cumule les projets artistiques divers : elle touche à tout avec un intérêt marqué actuellement pour le chant. À cet effet, demandez-lui de vous faire écouter son enregistrement Nastalgia : vous serez séduit par l’influence tsigane russe qui en découle et la sororité avec Elena Frolova.
Et de sa petite voix douce, lorsqu’elle vous raccompagnera sur le balcon de sa résidence temporaire, vous l’entendrez peut-être s’exclamer à la vue des bernaches : « Ô les belles filles! » Pour Annouchka, toutes les vies, terrestres et cosmiques, participent à la beauté qui sauvera le monde. Je suis absolument persuadée que son univers tout imprégné de poésie vous enchantera.