Le pommetier et le nain de jardin
juin
16
2020
Le pommetier et le nain de jardin
mozaik
Séparation

Par l’usager

Le pommetier dans la cour est présentement en fleurs. Il lance ses branches exubérantes et lourdes de pétales roses dans le bleu infini du ciel comme pour en occuper tout l’espace et se gorger des rayons du soleil printanier. Et le nain de jardin qui se fout d’hier, d’aujourd’hui et de demain, dort du sommeil du bienheureux dans son ombre, sans se soucier de l’heure de son réveil ou de sa condition de petit bonhomme en ciment.

Ces temps-ci, j’ai l’impression d’être l’un, mais surtout l’autre, en alternance. Certains jours, j’ai envie de toucher aux étoiles, courir comme un fou, me transformer en oiseau et survoler la terre, parce que comme disait je ne sais trop qui, la terre est plus belle vue d’en haut. Mais, la réalité des choses me saute vite au visage et alors je veux fermer les yeux et m’endormir pendant des jours en attendant que ça passe.

J’imagine que mon équilibre mental devrait se trouver sur une médiane entre ces deux pôles, mais je la fais exploser allègrement en me propulsant dans l’espace ou en me fracassant au sol.

Cependant aujourd’hui, j’ai appris une nouvelle qui pourra sans doute contribuer à me faire retrouver une partie de ma zénitude d’avant, comme lorsque nous menions des vies insouciantes.

Je-peux-de-nouveau-emprunter-des-documents-à-ma-bibliothèque.

Je parle ici de CD, de DVD, de jeux, de magazines et surtout de livres en trois dimensions, avec des pages en papier remplies de mots imprimés qui ont un sens (ou parfois pas), que l’on peut tenir entre ses mains, que l’on peut déposer sur la table de chevet pour en reprendre la lecture le lendemain. Et, comme tout ce qui reprend vie ce printemps, les choses se font désormais de façon différente… santé publique oblige.

J’ai fait parvenir un courriel à la bibliothèque indiquant les documents que je désirais emprunter et par la suite, une employée m’a appelé pour fixer un rendez-vous de cueillette à la porte du 51 Jeannotte. Tel que convenu, je suis allé chercher mon take-out littéraire que j’ai ramené joyeusement à la maison. En déposant le précieux colis sur la table de la cuisine, j’ai regardé par la fenêtre qui donne sur la cour pour remplir mes yeux de la beauté du pommetier et je suis presque sûr d’avoir vu le nain de jardin ouvrir timidement un œil.

Séparation

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