FEMMES FUNAMBULES
janv
24
2023
FEMMES FUNAMBULES
mozaik
Séparation

Par Rachel Tremblay

En tant que femme, impossible de ne pas être interpellées par la situation en Afghanistan. Depuis l’arrivée des Talibans au pouvoir, les médias ne cessent de nous rapporter des événements tous plus déconcertants et révoltants les uns que les autres. Nous assistons, impuissantes, à un recul terrifiant des droits des femmes. Les images provenant du pays chéri de Massoud sont cruelles et la réalité l’est sûrement encore bien davantage…

Parmi nous, femmes concernées et consternées, l’artiste Madeleine Turgeon mène de front, depuis plus d’un an déjà (et en plus des multiples projets auxquels elle se consacre), l’élaboration à l’échelle universelle d’un touchant hommage, au nom évocateur de TENIR À UN FIL, à toutes les femmes et filles afghanes. En résumé, le projet dont Madeleine est l’instigatrice, consiste en la création d’écharpes en mosaïque avec des tesselles de verre (l’année 2022 ayant été décrétée Année internationale du verre par les Nations Unies), des perles et des petits miroirs. Chaque pays crée des sections d’écharpes qui seront ensuite réunies.

Madeleine sait bien s’entourer. Dès qu’elle a eu établi, avec un ami tunisien, la ligne directrice de TENIR À UN FIL, des coordonnateurs de chacun des pays participants (France, Angleterre, Australie, Espagne, Nouvelle-Zélande, entre autres) ont pris en charge leurs sections respectives de l’écharpe. Il s’agit là d’un imposant dessein collaboratif mondial autour duquel plus de 1200 personnes s’allient. Le 14 décembre dernier, Madeleine dévoilait, à la Maison Félix-Leclerc de Vaudreuil-Dorion, l’une des sections Canada de l’écharpe réalisée par des citoyens de la ville et des mosaïstes canadiens. Une médiation culturelle pleine de sens et de portée réunissant amateurs et professionnels.

Lorsque Madeleine (qui n’en est pas à sa première implication niveau engagement social, rappelons-nous Les Anges masqués lors de la pandémie, notamment) parle de ce projet aux impressionnantes résonnances planétaires, on la sent investie et dévouée. Elle s’est vue émerveillée par les robes traditionnelles afghanes, la richesse des couleurs, des textures et des étoffes. Touchée par toute la délicatesse dans l’élaboration de leurs vêtements portés lors d’occasions spéciales, brodés à la main : elle craint que si les femmes afghanes ne peuvent plus broder, la tradition se perdra. Pour elle, les motifs afghans sont majestueux et inspirants. Il n’en fallait pas plus pour que de l’idée jaillisse la mise en œuvre.

À travers TENIR À UN FIL, Madeleine propose, aussi, l’exploration de la culture afghane, la beauté de ce pays, l’histoire méconnue de ses femmes et leurs conditions socio-économiques si différentes des nôtres. Un devoir de mémoire, de connaissance et de reconnaissance à n’en point douter. La détermination artistique de Madeleine couplée à un sincère intérêt d’améliorer, à sa façon, le vivre-ensemble, ont orienté les ateliers qu’elle a animés à Vaudreuil-Dorion en compagnie du Centre afghan de Montréal. Ainsi, les participants ont vu leur expérience bonifiée par le partage, entre autres, de nourriture afghane. Là où il y a compréhension de l’autre, il y a intégration : lever le silence est assurément un précieux pas vers l’harmonie.

Plus de détails sur le projet…

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