Par Jean-Noël Bilodeau
BLUES DE PANDÉMIE
Passe le vent
Passe la pluie
Passent de petits
Oiseaux tout gris
Passe le vent
Passe l’ennui
Quand il n’y a plus dans les rues désertes d’autos qui roulent de gens qui marchent quand il n’y a rien à voir et personne aux fenêtres quand il n’y a plus à entendre que des sirènes d’ambulances et des cloches d’églises pour dénombrer les heures de ceux qui survivent quand il n’y a plus que les jappements des chiens et des cris d’enfants pour trahir le silence déshabitué
Passe le temps
Berce la nuit
Le temps fuit
Au rythme lent
De la pandémie
Puis survient la vie d’avant claire comme le verre du verre extirpé du lave-vaisselle sans empreinte de la main grasse qui l’y a mis, sans l’odeur d’alcool qui aurait pu l’imprégner quand le soir d’avant j’ai bu seul le vin affadi de notre amitié quand je me suis souvenu de vieux souvenirs que je croyais à jamais oubliés des noms des jours des amours ratés des projets inachevés des poèmes interrompus des récits mensongers des rires et des colères aux pourquoi effacés des regrets et des amis perdus
Passe devant
Passe la vie
Creuse la mémoire
Et les oublis
Passe le temps
Sans les amis
Crédit photo : Christian Gonzalez