par Patrick Richard
Un café, cinq questions est un lieu de discussion où je prends le temps d’un café pour questionner un artiste de Vaudreuil-Dorion, un citoyen, une femme d’affaires ou un barbu circonspect, sur son rapport à la culture à l’aide de cinq questions pas du tout scientifiques en lien avec l’actualité, avec la vie, avec notre place dans l’univers et surtout, avec rien de tout ça. À la dernière gorgée de café, je demande à mon invité de choisir mon prochain invité.
Aujourd’hui, à la demande de Diane Collet, je bois un café avec Caroline Forget, une photographe pour qui Photoshop, après les logiciels de sécurité, est l’un des logiciels les plus « débiles mentaux ».
Qui est-elle?
Sa production passe par le logiciel Photoshop avec lequel elle crée, s’amuse et s’évade. Caroline Forget s’était pourtant lancé en arts plastiques au moment d’entrer au cégep, mais la vie l’a lentement amenée là où elle ne voit plus le temps passer quand elle y est. La photographie est entrée dans sa vie en coup de foudre, elle a fréquenté pendant quelques années le club de photo Vaudreuil-Dorion, s’est équipé et a entamé des études à Concordia pour finalement participer à une première exposition en novembre dernier à Baie-D’Urfé. Si la crise sanitaire finit par finir, elle exposera également ses photos à la Maison Félix l’été prochain. Arrivé en retard à mon rendez-vous pour ce café, je me suis assis sur la terrasse encore chaude du Cafexo pour boire un chai latte en compagnie de Caroline Forget, qui a gentiment accepté de répondre à une première question.
- Vous avez la chance de partir en voyage pendant un an, mais ne pouvez apporter qu’un seul objet, quel serait cet objet et pourquoi?« Ce serait mon appareil, c’est sûr! C’est ma grosse passion la photographie. Si je pars voyager, je vais tout photographier. Mais je suis très casanière. Et avec 6000 $ dans le cou, je ne voyagerais pas seule! »
- Lors de ce même voyage, vous êtes entourée par des gens de partout sur la planète et on vous invite à préciser votre identité culturelle. Que dites-vous?« Je me vois parler principalement de la température! J’ai rencontré assez de gens d’ethnies différentes dans des milieux de travail pour savoir que ces gens qui sont belges, qui sont français et qui veulent immigrer au Québec, ils parlent tellement de l’hiver! Ils ont peur de l’hiver. La température est quelque chose qui nous définit ailleurs. Ça va définir notre humeur. Ça influence même notre identité culturelle. Après la température, c’est la langue qui nous définit. Mais comment nous définir encore… on s’adapte tellement à tout, les Québécois. Ce n’est pas pour dire qu’on n’a pas une identité, mais on est tellement jeune et on s’adapte à tout. Tout le monde a son histoire, on est un peu trop jeune pour avoir une identité distincte. On est french québécois, à part de ça, on est trop jeune. Quand on va avoir plusieurs centaines d’années, il va y avoir une ligne directrice là-dedans. Une affaire forte qui va nous définir depuis des années. Partout. Faut regarder à l’extérieur pour voir ce qui nous définit. On n’est pas encore assez connus. » (Une longue discussion a suivi sur l’identité culturelle, nous en reparlerons lors d’un autre café.)
- On vous donne la chance de retourner dans le temps pour vivre et participer à l’événement historique de votre choix, où iriez-vous et pourquoi?« Je me suis demandé où j’aurais voulu être là live. Étant mélomane, je ne peux que choisir un concert. Je pourrais choisir une panoplie de concerts, je vais dire le concert de Pink Floyd à Pompéi. J’aurais voulu être là. Qui est plus visuel que Pink Floyd? »
- Une citation, une chanson et un livre sur une île déserte.Citation« Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. »Chanson
« Weather With You, de Crowded House »Livre
« Une grosse brique qui est un espoir de lecture : Même le silence a une fin, d’Ingrid Betancourt. »
- On vous offre la chance de réaliser un projet artistique d’une valeur de 5 millions de dollars. Que réalisez-vous?« Je n’ai jamais pensé grande envergure. Mon créneau est le portrait créatif. La seule chose que je trouverais le fun à faire, ce serait une vidéo où on part d’un visage qui se transforme, d’un visage à l’autre. J’aimerais créer un grand écran quelque part très centralisé, dans un coin touristique, on ferait un projet à la Michel Vallée. Tout le monde au Québec qui veut passer passe en studio et on représenterait tout le Québec. Les photos feraient partie de la transformation, une transformation continuelle. Ça représente bien ce que moi je suis. Ça représente quelqu’un, ça rejoint le numérique. Je ne crois pas que ça existe ailleurs. On serait précurseurs avec tous les citoyens de notre province ou du pays. »
Le prochain invité avec qui Caroline Forget m’invite à boire un café est le sculpteur Mircea Puscas.