Par Rachel Tremblay
Depuis maintenant 10 ans, Agnès Robin enjolive le milieu de l’art ici et ailleurs grâce à des œuvres toutes plus flamboyantes les unes que les autres. Passionnée et passionnante, celle qui tend vers un pop-art somptueux et ultra-féminin n’a pas fini de ravir nos yeux avec ses femmes fortes aux caractères bien trempés.
Blessé à la guerre d’Algérie, monsieur Robin père, pour occuper son temps alité, dessinait des portraits de ses soignantes. Aux dires de sa fille Agnès, il était très doué. Son passe-temps impressionnait grandement l’enfant qu’elle était. Des années plus tard, à son tour condamnée, elle aussi, à patienter au lit pendant trois mois en raison d’un accident de bateau, Agnès, qui a toujours aimé dessiner, se découvre la même passion que son paternel pour le portrait. Elle en produit des tonnes. D’ailleurs, quelques-uns de cette série ornent les murs de la Maison Valois actuellement. S’agit-il d’un hommage inconscient? Ça dénote, du moins, une très certaine admiration et, surtout, une même habileté.
Agnès crée à partir d’images qu’elle compose d’abord avec Photoshop, parfois en couleur, qu’elle transpose en noir et blanc s’il y a lieu. Pour 2023, elle a plus de 72 projets de peinture dans son ordinateur. Des croquis élaborés qu’elle respecte en tout point au moment de les exécuter en acrylique et autres techniques mixtes sur des panneaux de bois. La conciliation du travail très très pointu qui s’exprime dans la précision de ses nez, de ses yeux et de ses bouches et l’aspect plus graffiti, collage, moins léché, de ses fonds aux couleurs vives et intenses font en sorte que l’éblouissement est instantané. Agnès adore saturer les pigments derrière ses portraits monochromes pour amplifier l’effet plus dramatique et plus profond d’un regard, par exemple. Ça accentue aussi, par le fait même, la douceur et la vulnérabilité : « J’ai dessiné quelques hommes, ça m’arrive, j’ai fait un Gainsbourg un jour, mais mon envie première est d’inonder le monde de la beauté des femmes, de femmes assumées, convaincues et convaincantes. J’aime le lâcher-prise qu’elles me procurent, la liberté aussi. »
La série créée dans le cadre de sa résidence à la Maison Valois porte sur le thème des oiseaux. Ainsi, les portraits de ses plus qu’élégantes dames seront agrémentés de geais bleus, de colibris, de cardinaux et même de paons. Les quatre projets proposent des visages habillés de lunettes de soleil dans lesquelles un paysage de la région de Vaudreuil-Soulanges se reflétera. Son passage estival à cet atelier est une excellente occasion de porter un regard sur sa carrière : « J’ai eu de la chance : les circonstances ont toujours fait en sorte que mon travail soit apprécié. Les événements se sont succédé, les galeries m’ont accueillie, je me réjouis de pouvoir raconter des histoires à travers mes portraits. »
Au-delà de la chance pour percer dans ce milieu, il faut un minimum de talent. Monsieur Robin père a sans conteste légué celui-ci à son Agnès. Ses œuvres percutantes et fougueuses vous attendent au 331, avenue Saint-Charles jusqu’au 2 septembre!