Par Rachel Tremblay
Dès que vous franchissez la porte de la Maison Valois, qui accueille actuellement l’artiste Ginette Malouin, une toile vous happe à votre gauche au-dessus de l’une des cheminées… L’artiste propose une œuvre illustrant une horloge qui indique une heure à laquelle le monde d’aujourd’hui doit faire face : minuit moins une. On y est : tous les bouleversements climatiques sont à nos portes. Les inondations du 9 août dernier en font, entre autres, foi.
Ginette Malouin est une femme qui a de l’aplomb, du cœur au ventre et de l’intérêt pour tout. Des diverses techniques d’art à la grande migration du papillon Monarque vers le Mexique, Ginette est interpellée par tout ce qui concerne la protection de la planète, de ses ressources et de sa beauté : « Il faut être complètement inconscient pour ne pas voir tous les changements qui s’opèrent depuis plusieurs années sur le climat et l’environnement. À partir de cette réflexion, j’ai commencé à diriger ma pratique artistique vers les papillons et en particulier le Monarque. Dans le cadre de ma résidence, je m’attarde aussi sur l’asclépiade, la plante hôte et nectarifère du Monarque. »
Ginette m’informe que la Ville de Vaudreuil-Dorion a obtenu en 2021 la certification de Ville amie des monarques de la Fondation David Suzuki. À cet effet, elle a mis en place différentes initiatives visant à favoriser la présence des pollinisateurs, notamment l’installation d’hôtels à insectes et la plantation d’asclépiades et de plantes nectarifères indigènes dans des terre-pleins ou sur les emprises publiques. Pour Ginette, ce projet de résidence en lien avec le roi des papillons et sa fiancée des champs allait de soi!
Il faut la voir, bien installée au cœur de la Maison, déployer cellophane, papier de soie et encre à l’alcool pour élaborer sa future création. En la visitant, vous apercevrez l’encre qui fuse sous le jet d’alcool, l’explosion des nuances, les veinures du papier. Ginette est fan de papier, de tous les papiers, c’est avec bonheur et enthousiasme qu’elle vous montrera sa découverte mexicaine : l’amate, issu de l’époque des Mayas et des Aztèques, fabriqué à partir de l’écorce de ficus. Celui-ci décline de multiples facettes : tout en sobriété, tel un papyrus, ou travaillé avec ajout de plantes, de textures et de dimensions. Quelques mois, chaque hiver, tout comme le Monarque, Ginette s’envole vers le Mexique, un pays qui l’inspire et un peuple qui nourrit son art : « Je peins par émergence, c’est-à-dire que je prends ce qu’il y a en moi pour l’amener vers l’extérieur. Tous mes voyages et mes rencontres m’apportent des émotions qui tôt ou tard se refléteront dans mon art. »
Envie de manipuler du papier? Ginette invite ses concitoyens à créer avec elle des papillons en origami. Papillons qui voleront sur l’une de ses œuvres qui consiste en un long ruban honoré d’encre à l’alcool : « Un acte de conscientisation au danger imminent de la perte de ce sublime insecte qu’est le Monarque. Chaque petit geste compte. Sauvons le monde, un papillon à la fois! »
Ginette Malouin en résidence artistique à la Maison Valois : les vendredis, samedis et dimanches, entre 10 h et 15 h jusqu’au 28 septembre.
