200 jeunes contre la guerre nucléaire
mai
08
2020
200 jeunes contre la guerre nucléaire
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Séparation

Par Patrick Richard

Nous poursuivons notre exploration des archives des journaux publiés sur le territoire de Vaudreuil-Dorion avec l’édition de L’Étoile du 12 juin 1980. Pourquoi cette édition? Parce qu’il s’agit de la première parution après l’arrivée du Courrier express de Vaudreuil-Soulanges fondé le 11 juin 1980. Parle-t-on de cette nouvelle concurrence? Pas du tout. En page 3, la tabagie Souligny annonce qu’elle est dépositaire du Pop Shoppe à 3,69 $ la caisse. Le Pop Shoppe propose des boissons gazeuses, dont du bon crème soda, et la compagnie ontarienne qui le crée existe toujours comme en fait foi sa page Facebook dynamique. Tout juste à côté, on apprécie les mesures prises par la Ville de Vaudreuil dans le ramassage des vidanges et l’utilisation de l’eau potable. Nous sommes peut-être en 1980, mais le souci environnemental y est déjà : ramassez vos réceptacles de vidange et remplissez votre piscine une seule fois par année svp. Nous voilà rassurés.

À la page suivante, le journaliste Marcel Auclair explique les rénovations majeures du Centre communautaire Vaudreuil dont la construction remonte à 1946. Coûts des rénos : 170 000 $. On écrit, entre autres, que les allées de bowling resteront en place puis le texte se termine abruptement pour se poursuivre quelques pages plus loin où sont rassemblés les restants de textes des pages précédentes. On en trouve partout de ces textes commençant à une page et se terminant 10 pages plus loin. Drôle de façon de mettre en page!

On apprend en page 6 que le Musée régional de Vaudreuil-Soulanges (MRVS) organisera une campagne de recrutement afin de faire comprendre aux gens « qu’un musée n’est pas seulement un endroit où on cache des vieilles affaires ». À cette époque, la subvention du ministère des Affaires culturelles était de l’ordre de 55 000 $ sur un budget total de près de 80 000 $.

Dans la chronique de Gisèle Lefebvre, Une étoile m’a dit que, on lit avec un brin de stupeur l’information voulant que « 200 étudiants québécois participeront au Programme fédéral d’abris visant à sauver des vies et à diminuer les pertes et les blessures en cas de guerre nucléaire en Amérique du Nord. Ces étudiants auront le devoir d’identifier des bâtiments publics et privés dans 662 localités canadiennes pouvant offrir une protection adéquate contre les retombées radioactives. » On rappelle que nous sommes en pleine guerre froide, mais on se demande aussi comment ces étudiants procéderont pour identifier les bâtiments adéquats : « Excusez-moi tout le monde, je vous invite maintenant à sortir, nous allons procéder à une petite explosion pour vérifier la solidité des lieux. » Toujours dans cette chronique, on invite les propriétaires de séchoir à cheveux de marque Jérôme Alexander de cesser de l’utiliser immédiatement et de le retourner à la compagnie. Si jamais c’est votre cas, il n’est pas trop tard si vous l’avez acheté après novembre 1979. Aussi, une petite nouvelle sur la Roulathèque à Dorion. Simplement pour nous rappeler qu’il y avait une Roulathèque à Dorion.

Gisèle mentionne aussi que le concours Images de Vaudreuil, dévoilé au MRVS, sera aussi présent à la Caisse populaire pendant 3 jours et demi. Pas 3 jours, ni même 4, mais bien 3 jours et demi. Si vous prévoyez allait faire un petit retrait dans l’après-midi de la 4e journée, j’ai comme l’impression que vous allez manquer l’exposition du concours qui est « À voir sûrement » selon les dires de Gisèle.

Pour les promoteurs d’aujourd’hui, sachez qu’un pied carré de terrain sur le bord de l’eau se chiffrait à 65 sous.

En page 14, on ne passe pas à côté de la publicité du Club naturiste Richard Brunet à qui on peut demander plus d’informations en lui faisant parvenir un petit coupon à découper : « Bonjour monsieur Brunet! Votre club de nudisme là, offre-t-il quand même le service de buanderie? Merci du retour. »

On entre bientôt dans une section spéciale, La vie en plein-air, où Mary Woolie prodigue quelques précieux conseils pour les marcheurs. Saviez-vous que pour former la chaussure à son pied, il est recommandé de la tremper dans l’eau et de marcher jusqu’à ce qu’elle sèche? On conseille aussi aux débutants – aux DÉBUTANTS – de ne pas démarrer trop vite et de limiter les premières sorties à 4 ou 6 heures! Il est aussi préférable de regarder où l’on marche, car il y a parfois des trous, des pierres et des souches et que c’est dangereux. Mary nous informe également sur le danger des marais (qui signeront « votre perte et celle de vos compagnons ») et nous dit de ne pas trop s’en faire si on se perd, car on peut survivre 2 ou 3 semaines sans manger, mais pas sans boire : « La déshydratation peut être mortelle, l’eau est le seul remède. On peut trouver de l’eau en creusant les terres basses et humides. Il y a aussi la pluie et la rosée, ou la sève du bouleau et de l’érable au printemps. » On n’oublie pas sa boussole (ou une montre qu’on recharge en la laissant au soleil) et le tour est joué! Combien de jeunes marcheurs dans les années 1980 doivent leur survie à ces conseils? Au nom de tous ces jeunes, Mary, merci! Merci aussi à Participaction pour sa publicité qui nous rappelle que « Marchez, ça nous fera une belle jambe ».

Plus loin, Marc Delbès présente la pétanque comme un fait social qui abolit les barrières de classes, les inégalités financières, le patronage, l’injustice, la discrimination entre le sexe dit fort et le sexe supposé faible. Qui dit mieux comme vecteur d’unité sociale? Une demi-page pour expliquer tout sur la pétanque. Vivement le déconfinement.

En page 31, on note déjà une sensibilité à l’importance de ne pas fumer. C’est l’Association pulmonaire de Québec qui a payé la publicité située juste à côté de la photo d’un motocycliste qui vient de subir un accident et qui est assis dans une civière en ayant l’air de se demander ce qu’il fait là. On effectue un petit retour dans le passé à la page suivante à l’occasion du 150e anniversaire de Saint-Polycarpe. On y voit la photo de deux religieuses qui ne semblent pas avoir de cou et qui répondent aux noms de Mme Jean-Marie Pilon et de Mme Jean Langevin.

Parmi les activités à ne pas manquer, on courra au grand gala de culture physique le vendredi 13 juin 1980 à l’endroit nommé « 1980 Disco de la bourgade » à Dorion pour apprécier les performances de Denis Gauthier, alias Mr. Canada, ainsi que de Johanne Gauthier, alias Miss Province de Québec. Il y a aussi une soirée mixte organisée en l’honneur de Johanne Hémond et de Paul Legault. On ne sait pas trop de quelle mixité il s’agit, peut-être les femmes sont-elles les bienvenues. Dans tous les cas, c’est 2 $ l’entrée. Pendant ce temps, le Cinébec Dorion présente un film avec Bo Derek. C’est la soirée des dames le mercredi soir.

À la terrasse A. & G. sur le boul. Roche à Vaudreuil, on vous invite à venir vous détendre dans une atmosphère de joie, mais on vous propose surtout de cuire vous-même votre Rib Steak, ce qui vous fera sauver une piastre sur ledit Rib Steak.

Dans les petites annonces, on apprécie la demande d’une personne qui ne laisse qu’un casier postal comme référence et qui dit rechercher entre 30 000 $ et 50 000 $ pour des raisons commerciales et industrielles. Il assure une discrétion absolue. À Pincourt, on indique, dans les éléments de vente d’une maison, que l’hypothèque de 11 % est due en 1984. Oui, 11 %. Les gens s’en souviennent.

Dans sa chronique Chasse et pêche, Carl Grenier s’en prend aux insouciants qui garochent des matelas et autres détritus dans la rivière… Chapeau, Carl, mais 40 ans plus tard, les choses ont si peu changé.

On termine ça par la balle-molle qui, à l’époque, occupait énormément d’espace médiatique. Lors d’un tournoi, l’équipe La Baratte, menée par un certain Guy Pilon, a remporté le tournoi. Bravo, M. Pilon, la barbe vous allait si bien…

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